La stratégie d'investissement

janvier 2023

Le match entre l’inflation et les Banques centrales entretient l’attentisme.

Les marchés financiers font du sur-place depuis début décembre non sans une certaine volatilité. Après plusieurs mois de hausse des actions et de repli des taux longs, la probabilité d’une consolidation se faisait plus forte. Celle-ci est intervenue au cours du mois après les réunions de la FED et de la BCE. Malgré la confirmation du reflux progressif de l’inflation en Europe et aux Etats-Unis, les autorités monétaires refusent de baisser la garde. Leurs mises au point ont accentué la remontée des taux d’intérêt à long terme. Les indices actions se sont repliés de 5 à 8% en quelques semaines. Mais le calme est revenu assez rapidement grâce à quelques nouvelles positives. Les évènements du mois n’ont pas modifié grandement les perspectives générales. La croissance mondiale sera modérée cette année mais le scénario central reste celui d’une récession courte et de faible ampleur au cours du 1er semestre en Europe et aux Etats-Unis. Les facteurs de résilience sont toujours présents mais l’évolution de l’inflation reste primordiale pour les Banques centrales qui pourraient encore décevoir les investisseurs. Ce contexte devrait limiter la progression des indices actions à court terme après leur rebond récent qui les a ramenés au niveau de début décembre. Les conditions d’une hausse durable des actions ne sont toujours pas réunies et le potentiel nous semble très réduit à court terme en Europe. Les indices américains, dont les évolutions ont été plus négatives, nous semblent plus abordables. La visibilité ne devrait s’améliorer qu’à partir du printemps prochain. C’est pourquoi nous ne relevons toujours pas nos prévisions pour les indices. Nous estimons qu’il n’est pas opportun de remonter les niveaux d’investissement en actions des portefeuilles. Nous conseillons de profiter des épisodes de volatilité et de repli pour le faire ou pour continuer à acheter des actions pour les portefeuilles très peu investis.

 

Les marchés financiers font du sur-place depuis début décembre non sans une certaine volatilité. Après plusieurs mois de progression des actions et de repli des taux longs, la probabilité d’une consolidation se faisait plus forte. Celle-ci est intervenue au cours du mois après les réunions de la FED et de la BCE. En effet, les commentaires des banquiers centraux ont déçu les investisseurs. Malgré la confirmation du reflux progressif de l’inflation en Europe et aux Etats-Unis, les autorités monétaires refusent de baisser la garde.

Aux Etats-Unis, les anticipations du taux terminal de la FED semblaient réalistes à 5.25% mais la FED a douché les espoirs de ceux qui attendaient une baisse des taux dès cette année. Or, plus la FED maintient longtemps ses taux à un niveau élevé, plus le risque de ralentissement économique prononcé augmente. Peut-elle changer de position ? Oui, si le chômage remontait sensiblement ou si l’inflation baissait beaucoup plus rapidement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et il est très difficile d’évaluer quand ces conditions se mettront en place. La BCE a été plus radicale puisqu’elle a signifié que ses taux monteraient davantage que les attentes des marchés qui ont revu en hausse leurs prévisions pour son taux de dépôt de 2.25 % à 2.50% au cours du 2nd trimestre.

Ces mises au point ont bien entendu accentué la remontée des taux d’intérêt à long terme. Les indices actions se sont repliés de 5 à 8% en quelques semaines. Mais le calme est revenu assez rapidement grâce à quelques nouvelles positives. Sans doute sous la pression des manifestations populaires, la Chine a annoncé officiellement un abandon progressif mais assez rapide des mesures sanitaires (tests, quarantaines, confinements) qui ont pesé sur l’activité depuis cet été. En Europe, les statistiques publiées ont fait état d’une risée de croissance, favorisée par la douceur des températures et le reflux des prix du gaz. Plus récemment, les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis et en Europe en ont confirmé la décrue, ce qui a permis aux indices actions européens de retrouver en début d’année leurs niveaux de début décembre. Les actions américaines ne sont pas dans la même situation, restant en retard alors que le cycle est en avance par rapport à l’Europe et que le contexte global nous semble plus favorable. Cette divergence provient sans doute de la composition des indices américains, plus lourdement chargés en valeurs de type Nasdaq ou GAFAM qui pèsent sur les tendances de secteurs importants comme la Technologie, les Services de Communications ou les Biens et Services de Consommation. Ces valeurs ont déjà fortement reculé à l’image de Tesla, d’Amazon ou de Meta (ex Facebook) mais le mouvement de prises de bénéfices touche maintenant Apple ou Microsoft. Inversement, les indices européens comptent davantage de valeurs cycliques ou financières dont les cours avaient davantage escompté un ralentissement économique prononcé et qui commencent à se redresser.

Les évènements du mois n’ont pas modifié grandement les perspectives générales.

Selon le consensus des économistes, la croissance mondiale sera modérée cette année mais le scénario central reste celui d’une récession courte et de faible ampleur au cours du 1er semestre en Europe et aux Etats-Unis. Les facteurs de résilience sont toujours présents et l’évolution de l’inflation reste primordiale. La réouverture de la Chine est un point positif mais celle-ci était déjà attendue et la forte augmentation des cas de Covid peut encore ralentir les allègements prévus et préoccuper les investisseurs.

Après la mise au point des Banques centrales, la tendance des taux longs nous semble toujours orientée à la hausse en Europe et dans une moindre mesure aux Etats-Unis où elle a peut-être marqué un sommet à 4.3%. Cependant, le mouvement touchera bientôt à son terme et il influencera moins les actions contrairement aux politiques monétaires susceptibles de décevoir à nouveau les investisseurs.

Le mouvement de révision à la baisse des estimations de bénéfices se poursuit. Il a atteint 8% pour les actions du S&P500 et 3% pour l’indice Stoxx600 Europe. C’est insuffisant eu égard au ralentissement attendu de l’activité et cela devrait ralentir ou limiter l’avancée des indices tant que le pivot des Banques centrales n’est pas en vue (c’est-à-dire l’arrêt puis la baisse de leurs taux). Quand celui-ci se rapprochera, c’est la hausse des multiples de capitalisation (PER) qui devrait entretenir la progression des indices dans le courant de l’année.

La valorisation des actions est redevenue acceptable voire abordable pour des valeurs très cycliques ou certaines valeurs de croissance. Ceci devrait constituer un soutien pour les actions et l’essentiel de la baisse des indices est sous doute fait. Il ne faut toutefois pas exclure un mouvement de repli d’autant que le contexte géopolitique reste incertain.

En résumé, la situation semble devenir progressivement plus favorable pour les marchés actions mais leur remontée récente les a ramenés au niveau de début décembre. Or, les conditions d’un rebond durable des actions ne sont toujours pas réunies et le potentiel nous semble très réduit à court terme en Europe. Les indices américains, malgré les évolutions négatives que nous avons signalées, nous semblent plus abordables.

La visibilité ne devrait s’améliorer qu’à partir du printemps prochain. C’est pourquoi nous ne relevons toujours pas nos prévisions pour les indices. Nous les avons même un peu abaissées pour les indices américains et japonais. Par rapport à celles-ci, les indices européens présentent un potentiel de hausse proche de zéro à fin juin et de quelques pourcents à fin décembre. Le potentiel des indices américains et japonais est plus élevé.

Nous estimons qu’il n’est pas opportun de remonter les niveaux d’investissement en actions des portefeuilles. Nous conseillons de profiter des épisodes de volatilité et de repli pour le faire ou pour continuer à acheter des actions pour les portefeuilles très peu investis.

 

Nous n’avons pas modifié nos opinions sur les actions. A court terme, nous gardons notre opinion Neutre et nous surpondérons à moyen terme les actions européennes et américaines. Nous restons à Neutre sur les autres zones géographiques, à l’exception de l’Europe de l’Est que nous sous-pondérons à court et moyen terme.

 

Nous avons très peu modifié nos notes sectorielles. Nous avons abaissé celle des Services Financiers à court terme à Sous-pondérer et relevé celle de la Distribution à Surpondérer et celle des Services Publics à Neutre.

 

Nous maintenons une opinion Neutre à court terme et Sous-pondérer à moyen terme sur les produits obligataires. Nous avons relevé à Neutre à moyen terme, en Europe, le Crédit à haut rendement et les obligations convertibles.

 

Lors de notre dernier Comité d’Allocation d’Actifs de fin décembre, nous avons relevé notre exposition en actions (Europe et Etats-Unis) pour compenser l’effet de la baisse des cours. Nous avons allégé le poids des produits de taux (emprunts d’Etat américains, produits Inflation) et renforcé les multi-stratégies obligataires.

Nous présentons à nos lecteurs tous nos Vœux de bonne et heureuse Année !

Vincent GUENZI

Directeur de la Stratégie d’Investissement

Achevé de rédiger le 6 janvier 2023.