La stratégie d'investissement

avril 2024

La confiance revient prudemment sur les marchés financiers

Les indices actions ont enregistré une progression moyenne de 3% au mois de mars. L’inflation a confirmé sa lente décrue qui ne permet toujours pas aux grandes Banques centrales d’envisager une réduction prochaine des taux d’intérêt. La croissance mondiale s’est renforcée au cours du mois grâce au dynamisme de l’activité aux Etats-Unis, au Japon et, dans une moindre mesure, dans les pays émergents. Parallèlement, le rythme de la contraction s’est encore atténué en Europe pour repasser légèrement au-dessus du point d’équilibre. Les Bourses ont donc affiché un 5ème mois consécutif de hausse. Celle-ci résulte plus de la progression des multiples de valorisation que d’un relèvement des estimations de bénéfices. Même si l’environnement économique s’améliore, l’évolution des politiques monétaires reste primordiale et toute déception serait certainement sanctionnée par les Bourses. De plus, les investisseurs ne s’émeuvent plus des risques géopolitiques. Une correction des indices serait légitime et bienvenue. Comme le mois dernier, nous excluons l’hypothèse d’une très forte baisse de ceux-ci à très court terme sauf accident exogène majeur qui viendrait bousculer les prévisions économiques et financières. Mais la poursuite de la hausse a augmenté la probabilité d’une correction modérée (3 à 5%) dans les prochaines semaines ou un peu plus forte (5 à 10%) dans les prochains mois. L’assouplissement des politiques monétaires au second semestre devrait ensuite permettre un rebond des actions en fin d’année. Nous nous abstenons de relever globalement l’exposition en actions et attendons une correction pour l’envisager. En attendant, nous continuons de renforcer leur poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présentent. Nous maintenons une opinion Neutre à court et moyen terme sur les actions mais neutralisons la surpondération des actions américaines et la sous pondération des actions européenne à court terme.

 

 

Les indices actions ont enregistré une progression moyenne de 3% au mois de mars alors que les taux d’intérêt à long terme se sont repliés très modestement. L’indice action Monde a grimpé de 3.2% en euros, l’indice américain de 3.3%. Les indices européens ont gagné 3.5% en moyenne avec des écarts importants cependant (+0.5% pour la Suisse, +10.7% pour l’Espagne). Les Bourses n’ont enregistré qu’une hausse de 2.1% au Japon et de 2.4% dans les pays émergents. Si les grandes valeurs se sont encore bien comportées en général, cela n’a plus été le cas des grandes valeurs technologiques américaines qui ont marqué le pas. Par ailleurs, les valeurs moyennes ou petites, très en retard depuis le début de l’année, se sont mieux comportées de même que les valeurs de style Value par opposition à celles de style Croissance. Ceci reflète une certaine fatigue de la dynamique haussière qui était en vigueur depuis quelques mois.

 

L’inflation a confirmé sa lente décrue qui ne permet toujours pas aux grandes Banques centrales d’envisager une réduction prochaine des taux d’intérêt. Mais la FED et la BCE ont confirmé toutes deux s’attendre à baisser les taux dès cette année. Les anticipations des marchés se sont stabilisées à trois baisses de taux en 2024, identiques à celles des banquiers centraux américains et européens. Les prévisions pour 2025 sont devenues également plus réalistes.

Au vu des indices des directeurs d’achat, la croissance mondiale a continué à se renforcer en mars sous l’impulsion du dynamisme de l’activité aux Etats-Unis, au Japon et, dans une moindre mesure, dans les pays émergents en particulier en Inde. Parallèlement, le rythme de la contraction a continué à s’atténuer en Europe pour repasser légèrement au-dessus du point d’équilibre. L’industrie reste faible, ce qui pénalise l’Allemagne et la France, pays où la situation continue à se dégrader alors que l’Italie, l’Espagne et l’Irlande sont à l’origine du dynamisme de la zone.

 

Les Bourses ont donc affiché un 5ème mois de hausse d’affilée. Celle-ci résulte plus de la progression des multiples de valorisation que de relèvements des estimations de bénéfices dont l’ampleur s’est fortement réduite avec la fin des publications de résultats du 4ème trimestre 2023. Celles du 1er trimestre 2025 vont prochainement commencer aux Etats-Unis et elles donneront certainement le tempo aux marchés.

La confiance des investisseurs est donc demeurée élevée pendant tout le mois de mars et les achats d’actions se sont poursuivis de crainte de rester à l’écart du mouvement haussier. Le scénario d’atterrissage en douceur réussi aux Etats-Unis reste privilégié.

Cependant, les données économiques positives publiées ces derniers jours ont relancé quelques craintes sur le calendrier des baisses de taux de la FED. La vigueur du marché de l’emploi, qui s’est raffermi depuis le mois dernier, a eu raison des données d’inflation plutôt satisfaisantes. La réaction négative des marchés semble déjà se dissiper.

Rien ne vient ébranler la confiance des investisseurs. Dans la guerre Ukraine/Russie, l’absence de nouveau soutien des Etats-Unis se fait sentir, tout comme l’approvisionnement insuffisant en munitions. Le risque de percée de la Russie augmente alors que l’unité des alliés occidentaux s’affaiblit. La réélection de Vladimir Poutine n’a évidemment pas été une surprise.

Aux Etats-Unis, Joe Biden et Donald Trump ont chacun gagné leur primaire et se préparent à un affrontement violent lors de la campagne pour l’élection présidentielle. Le candidat républicain reste favori et quelques mesures de son programme inquiètent, en particulier la hausse de 60% des droits de douane sur les produits en provenance de Chine et de 10% pour ceux des autres pays. Inversement, le risque d’une sortie des Etats-Unis de l’OTAN nous semble surestimé.

Sans attendre le résultat des élections américaines, les relations commerciales entre la Chine et l’Occident ont continué à se dégrader avec les multiples accusations mutuelles de dumping et l’étude ou la mise en place de restrictions diverses (micro-processeurs américains, alcools européens, messagerie Tik-Tok, place de marché Shein ou Temu, véhicules électriques et panneaux solaires chinois).

La poursuite des tensions au Moyen-Orient et la discipline de L’OPEP+ ont fini par alimenter une forte progression des cours du baril. Pour l’instant celle-ci reste supportable mais le recul de l’inflation pourrait souffrir d’une extension de celle-ci.

Ainsi, même si l’environnement économique s’améliore, l’évolution des politiques monétaires reste primordiale et de nouvelles déceptions seraient certainement sanctionnées par les Bourses. De plus, les investisseurs ne s’émeuvent plus des risques géopolitiques. La hausse des Bourses a été très forte et très rapide et, après un tel parcours, une correction serait légitime et bienvenue.

 

Cependant, comme le mois dernier, nous excluons l’hypothèse d’une très forte correction des indices à très court terme sauf accident exogène majeur (climatique, géologique ou géopolitique) qui viendrait bousculer les prévisions économiques et financières. Mais la poursuite de la hausse augmente la probabilité d’une correction modérée (3 à 5%) dans les prochaines semaines ou un peu plus forte (5 à 10%) dans les prochains mois.

 

Nous n’avons pas modifié nos prévisions sur les indices actions pour juin et décembre 2024. Une correction des Bourses en cours d’année, au printemps ou à l’automne, nous parait toujours probable. Mais l’assouplissement des politiques monétaires au second semestre devrait leur permettre de rebondir en fin d’année. Le potentiel des indices à cette échéance parait nul voire négatif. Une amélioration des perspectives économiques et des conditions financières pourrait cependant nous amener à être plus optimiste ultérieurement.

Nous nous abstenons de relever globalement l’exposition en actions et attendons une correction pour l’envisager. En attendant, nous continuons de renforcer leur poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présentent.

Nous maintenons une opinion Neutre à court et moyen terme sur les actions. Nous ramenons notre recommandation à court terme sur les actions américaines à Neutre après leur parcours exceptionnel et, en contrepartie, nous relevons les actions européennes de Sous-pondérer à Neutre. Nous gardons notre surpondération américaine à moyen terme.

Nous conservons notre opinion Neutre à court et moyen terme sur les produits obligataires avec une légère préférence pour le Crédit européen. Le niveau actuel des taux longs européens permet de commencer à s’intéresser aux Emprunts d’Etat dans une optique à moyen terme.

 

Lors de notre Comité d’Allocation d’Actifs de fin mars, nous avons réduit l’exposition en actions par précaution, en abaissant le poids des Etats-Unis et de l’Europe. Parallèlement, nous avons augmenté le poids des produits de taux et des sicav monétaires.

Vincent GUENZI

                                                                                                   Directeur de la Stratégie d’Investissement

Achevé de rédiger le 8 avril 2024, en collaboration avec Dorian FOULON