La stratégie d'investissement

février 2024

Banques centrales et inflation en juges arbitres des marchés financiers.

Les marchés financiers ont poursuivi leur progression au mois de janvier après quelques semaines de consolidation au cours desquelles les taux d’intérêt à long terme s’étaient redressés. En définitive, l’indice action Monde a progressé d’environ 3% en euros, tout comme les indices américains, alors que les principaux indices européens évoluaient en ordre dispersé. Les statistiques économiques publiées ont été plutôt meilleures qu’attendues et le scénario d’atterrissage en douceur réussi aux Etats-Unis reste privilégié par les investisseurs. Ceux-ci continuent à scruter la communication des Banques centrales qui n’ont pas modifié leur attitude encore réservée sur la date de la première diminution de leurs taux directeurs. L’embellie sur les marchés s’est donc poursuivie un mois de plus et la question de sa durée se pose toujours. Quant à la valorisation des actions, elle s’est renchérie sans atteindre des niveaux inquiétants, ce qui témoigne d’un certain retour de l’optimisme, les incertitudes, notamment géopolitiques, passant au second plan. Nous n’avons pas beaucoup modifié nos prévisions pour les indices actions au 30 juin et au 31 décembre. Une correction en cours d’année, au printemps ou à l’automne, nous parait toujours probable. Mais l’assouplissement des politiques monétaires au second semestre devrait permettre aux Bourses de rebondir et de progresser plus sensiblement en fin d’année. Au regard de nos prévisions actuelles, le potentiel de hausse résiduel des indices parait assez faible et nous restons toujours circonspects sur la possibilité qu’ils puissent dépasser d’ores et déjà nos objectifs de fin d’année. Nous nous abstenons de relever globalement l’exposition en actions mais nous continuerons d’en renforcer le poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présenteront.

  

Les marchés financiers ont poursuivi leur progression au mois de janvier après quelques semaines de consolidation pendant lesquelles les taux d’intérêt à long terme se sont redressés de 0.3% aux Etats-Unis et 0.40% en Allemagne. L’inversion de cette tendance en fin de mois, favorisée par des chiffres d’inflation assez bénins, a permis une remontée sensible des actions qui s’est nourrie également de chiffres d’activité meilleurs qu’attendus aux Etats-Unis ou des signes d’atténuation de la contraction en Europe.

En définitive, l’indice action Monde a progressé d’environ 3% en euros, tout comme les indices américains, alors que les principaux indices européens évoluaient en ordre dispersé (de 0 à 4% selon les places ). L’indice Nikkei japonais, quant à lui, a profité de la rechute du yen et des signaux d’une reprise d’activité dans le pays pour gagner 8% en devise locale. Seule ombre au tableau, les Bourse émergentes ont reculé sensiblement (-5% au Brésil, -4% en Chine).

Parallèlement au contexte économique, les premiers résultats trimestriels publiés en Europe et aux Etats-Unis ont été bien accueillis. En moyenne, ils se sont avérés moins mauvais ou meilleurs qu’attendus et les commentaires des entreprises sur leurs perspectives ont été plutôt rassurants dans le secteur du luxe ou de la technologie par exemple. Bien entendu, quelques sociétés ont déçu les investisseurs et leurs titres ont subi de fortes baisses. Les premiers jours de février marquent une continuation de ces conditions favorables.

Comme le mois dernier, les investisseurs continuent à scruter la communication des Banques centrales mais celles-ci n’ont pas modifié leur attitude encore réservée sur la date de la première diminution de leurs taux directeurs. Compte tenu des dernières statistiques économiques connues, les attentes des marchés se sont déportées vers le second trimestre. En revanche, l’écart entre les baisses cumulée des taux prévues par les marchés et celles des Banques centrales ne s’est guère résorbé.

Le scénario d’atterrissage en douceur réussi aux Etats-Unis reste privilégié par les investisseurs. La consommation et le marché de l’emploi y sont toujours soutenus et ont alimenté une remontée des indicateurs précurseurs. La dégradation de l’activité européenne semble s’atténuer. Quant à la Chine, les Autorités ont préféré s’orienter vers des mesures de soutien en faveur de la Bourse plutôt que de relancer l’activité réelle. Globalement, les perspectives de croissance pour 2024 dans le monde ont été légèrement revues en hausse.

 

L’embellie s’est donc poursuivie un mois de plus et la question de sa durée se pose toujours. L’étonnante pérennité de la situation américaine rassure les investisseurs. Leur optimisme n’est pas béat mais pourrait se prolonger si aucun facteur négatif ne vient le perturber. Les facteurs d’inquiétude, comme l’ampleur des dettes publiques, le niveau encore élevé des hausses de salaires ou le maintien de taux élevés plus durablement, ne les effraient pas. Le risque géopolitique, notamment en Mer Rouge et en Ukraine, est ignoré. Enfin, les autres facteurs d’incertitude évoqués le mois dernier (profitabilité et endettement des entreprises, relations commerciales Chine/Europe ou Chine/USA, élection présidentielle américaine) paraissent trop distants pour être pris en compte.

Quant à la valorisation des marchés actions, elle s’est renchérie du fait des abaissements des prévisions de résultats pour 2024 et 2025. Les PER 2023 et 2024 des actions américaines (S&P500) atteignent 22.7X et 20.5, ceux des actions européennes du Stoxx600 14X et 13.4X, marquant un plus haut depuis le début des hostilités en Ukraine. Ces niveaux sont loin de caractériser une phase d’excès en Europe, c’est un peu moins le cas aux Etats-Unis, où ils n’ont été dépassés qu’au début des années 2000 ou après la fin du Covid.

 

Comme d’autres, nous excluons à très court terme l’hypothèse d’une très forte correction sauf accident exogène majeur (climatique, géologique ou géopolitique) qui viendrait bousculer les prévisions économiques et financières. De surcroit, une dégradation économique naturelle plus forte amènerait les Banques centrales à accélérer le rythme de leurs baisses de taux pour soutenir la croissance et éviter aux marchés financiers une chute trop importante.

En conclusion, nous n’avons pas beaucoup modifié nos prévisions pour les indices actions au 30 juin et au 31 décembre, sauf pour le Nikkei japonais. Une correction des Bourses en cours d’année au printemps ou à l’automne nous parait toujours probable. Mais l’assouplissement des politiques monétaires au second semestre devrait leur permettre de rebondir et de progresser plus sensiblement en fin d’année. Au regard de nos prévisions actuelles, le potentiel de hausse résiduel des indices parait assez faible et nous restons toujours circonspects sur la possibilité qu’ils puissent dépasser d’ores et déjà nos objectifs de fin d’année.

 

Nous nous abstenons de relever globalement l’exposition en actions mais nous continuerons d’en renforcer le poids dans les portefeuilles peu investis chaque fois que des opportunités se présenteront.

 

Nous maintenons donc une certaine prudence dans nos recommandations. Cependant, compte tenu de la vigueur des actions américaines, que nous relevons à Surpondérer à court terme, nous adoptons également une position globale Neutre à court terme sur les actions. Nous conservons une position Neutre à moyen terme. A cet horizon, nous préférons les actions américaines aux actions européennes et émergentes. Enfin, le regain de faiblesse du Yen nous amène à relever les actions japonaises à Neutre à court et moyen terme.

Nous maintenons notre opinion Neutre à court et moyen terme sur les produits obligataires. Nous attendons que les taux longs remontent encore un peu pour relever nos notes sur les emprunts d’Etats. Mais nous avons déjà relevé celles des obligations à haut rendement européennes à Surpondérer à moyen terme.

 

Lors de notre Comité d’Allocation d’Actifs de fin janvier, nous avons maintenu à l’identique l’exposition en actions, tout en abaissant le poids des Etats-Unis et en remontant celui de l’Europe et des pays émergents. Parallèlement, nous avons augmenté le poids des produits de taux et abaissé celui des sicav monétaires.

Vincent GUENZI

                                                                                                   Directeur de la Stratégie d’Investissement

 Achevé de rédiger le 8 février 2024 en collaboration avec Dorian FOULON