La stratégie d'investissement

octobre 2019

Le repli des derniers jours commence à créer des opportunités d’achat.

Les marchés se sont repris en septembre grâce aux espoirs d’apaisement de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, à des attentes d’assouplissement monétaire supplémentaire et à des anticipations de relance budgétaire en Europe et dans les pays émergents. Plus récemment, des signaux plus mitigés pour la croissance américaine et européenne sont venus doucher l’optimisme relatif des investisseurs. Après 5% de baisse des indices actions, de premières opportunités d’achat sont apparues et ont pu être saisies mais la consolidation n’est peut-être pas terminée. Si une récession américaine en 2020 ne nous semble toujours pas d’actualité, la concomitance de facteurs de risque domestiques et extérieurs diminue la visibilité des investisseurs et pourrait encore les inquiéter à court terme. C’est pourquoi nous conservons une position encore un peu prudente dans notre allocation et une vue raisonnablement positive sur les marchés pour la fin de l’année.

Une vague d’espoirs a porté les marchés financiers au cours du mois de septembre. En premier lieu, les statistiques économiques publiées au cours des trois premières semaines n’ont pas montré de nouvelle dégradation significative de la croissance mondiale. Puis, de nombreuses Banques Centrales, dont la FED et la BCE, ont confirmé le début d’un nouveau cycle d’assouplissement monétaire global. De plus, les investisseurs ont commencé à anticiper la mise en place de plans de relance budgétaire en Europe pour contrer le ralentissement économique, à l’image de ceux déjà initiés ou annoncés en Chine ou en Inde. Enfin, les tensions commerciales se sont apaisées, avec une reprise attendue des négociations sino-américaines le 10 octobre.

Le rebond des marchés a été d’autant plus méritoire que le pétrole a réalisé un bond de presque 20%, qui n’a pas duré heureusement, après l’attaque d’exploitations pétrolières en Arabie Saoudite. Dans le même registre, les investisseurs se sont peu émus de la reprise de l’enrichissement d’uranium en Iran et de la situation politique toujours tendue à Hong Kong. Il est vrai que quelques bonnes nouvelles ont compensé ces mauvaises surprises comme la confiance obtenue par le nouveau Gouvernement Italien et son projet  de budget compatible avec les exigences de la Commission européenne. Les déboires successifs de Boris Johnson au Royaume-Uni ont également  réduit le risque de Brexit sans accord et accru la probabilité de demande d’un nouveau report de celui-ci le 31 octobre prochain.

Les apaisements de ces multiples tensions ont fait reculer l’aversion au risque et les investisseurs se sont détournés des valeurs refuges comme l’Or ou les emprunts d’Etats dont les taux ont remonté. Les flux d’investissements vers les actions ont été positifs pour la première fois depuis plusieurs trimestres. Les indices actions en ont profité pour progresser de 4 à 5% en moyenne tout en enregistrant une importante rotation sectorielle en faveur des secteurs et des valeurs délaissés ou plus cycliques.

Mais, alors que de nombreux indices actions avaient retrouvé leurs meilleurs niveaux, l’environnement général s’est à nouveau dégradé  fin septembre/début octobre.

 

Plusieurs indicateurs économiques ont montré que le ralentissement s’accentuait à nouveau en Europe et aux Etats-Unis, contrairement aux attentes. L’OMC a rendu un jugement favorable aux Etats-Unis, dans le cadre du dossier Airbus/Boeing, qui les autorise à taxer 7.5 milliards d’importations européennes. Cette décision a ravivé les craintes d’affrontement commercial avec l’Europe alors que les négociations prévues sur l’automobile ou l’agriculture n’avaient guère avancé. Enfin, Donald Trump a commis l’erreur de donner au Parti Démocrate une bonne occasion de lancer une procédure de destitution à son encontre. Si celle-ci a peu de chances d’aboutir, son long déroulement peu affaiblir le Président et compliquer sa tâche dans les négociations internationales en cours avec la Chine, la Corée, la Russie ou l’Iran. De ce fait, il est encore plus difficile d’évaluer les chances d’armistice ou de trêve avec la Chine au mois d’octobre car les dirigeants chinois pourraient jouer la montre. Or, l’économie mondiale a besoin de visibilité dans ce dossier, de manière de plus en plus urgente.

Nous ne croyons toujours pas à l’arrivée d’une récession du fait de facteurs « naturels » mais à défaut d’accord partiel et rapide entre la Chine et les Etats-Unis, les craintes de récession pourraient augmenter à nouveau et recréer de la volatilité sur les marchés financiers.

 

Les mois d’octobre et novembre sont propices à ce genre d’accidents mais plusieurs facteurs pourraient cette année limiter l’ampleur d’une correction. Tout d’abord, le rôle des Banques Centrales, prêtes à tout pour maintenir une croissance équilibrée. Ensuite, l’attitude relativement prudente des investisseurs et des Fonds spéculatifs depuis plusieurs mois, qui ont réduit leurs expositions aux marchés ou ont conservé des positions plus défensives qu’à la fin de l’année dernière.

 

Dans notre lettre précédente, nous considérions que le potentiel de hausse des indices actions paraissait assez limité à très court terme et que de meilleures opportunités d’achat pourraient se présenter dans les prochains mois.

Le repli récent d’environ 5% des indices a donné une première occasion d’acheter des actions pour des portefeuilles sous-investis à la suite d’apports de liquidités par exemple. Mais l’ampleur du mouvement nous a semblé insuffisante pour remonter sensiblement notre exposition générale.

 

Notre position légèrement sous-investie nous permet de rester sereins et confiants dans l’attente d’autres opportunités dans les prochaines semaines.

 

Nous n’avons pas modifié nos prévisions sur les indices actions pour fin décembre et fin juin 2020. Par rapport aux niveaux actuels, le potentiel de hausse des indices est de l’ordre de 5 à 6% à ces horizons de temps.

Nous maintenons nos recommandations globales sur les actions, Neutre à court terme et Surpondérer à moyen terme. Nous avons réduit la note des actions américaines à Neutre à court terme, et conservons nos préférences pour les Etats-Unis et l’Europe à moyen terme.

Nous avons procédé à quelques ajustements sectoriels. Nous avons relevé à Surpondérer les notes à court terme de deux secteurs à fort rendement, les Télécommunications et l’Immobilier. Nous maintenons une allocation relativement défensive mais nous avons relevé à Neutre à court terme deux secteurs plus risqués ou sensibles à la conjoncture, l’Automobile et l’Assurance et nous avons relevé à Surpondérer la Distribution et le Tourisme & Loisirs. Enfin, nous avons abaissé la note à court terme du secteur Biens de Consommation qui souffre toujours de la guerre commerciale.

Nous conservons notre opinion Neutre à court terme et Sous-pondérer à moyen terme sur les produits obligataires. Compte tenu des taux négatifs sur de nombreux emprunts, il nous semble que ces produits restent très spéculatifs.

 

Dans notre allocation équilibrée, notre Comité d’Allocation d’Actifs a abaissé le poids des actions européennes et émergentes à la fin du mois de septembre. Nous avons relevé tactiquement la pondération des emprunts d’Etats développés et émergents au détriment du crédit européen et des produits de multi-stratégie obligataire.

Vincent GUENZI

Directeur de la Stratégie d’Investissement

Achevé de rédiger le 7 octobre 2019.