La stratégie d'investissement

décembre 2021

Les marchés actions subiront-ils longtemps la loi du Covid ? Réponse sous peu !

Le rebond des marchés financiers et des actions a fini par être contrarié par la dégradation de l’environnement sanitaire et par l’apparition du nouveau variant Omicron. Les investisseurs devront encore attendre quelques jours pour connaitre sa dangerosité et le niveau d’efficacité des vaccins actuels. Les mesures de restrictions de l’activité et des déplacements qui pourraient s’accentuer pèsent sur les anticipations économiques. Cette incertitude vient s’ajouter à celle provenant de la normalisation de la politique monétaire américaine qui semble devoir s’accélérer si un taux d’inflation élevé persistait. Cependant, les statistiques économiques des pays développés publiées dans le mois ont été assez satisfaisantes et les sociétés cotées semblent plutôt confiantes dans leurs perspectives. Ceci nous a conduit à relever nos prévisions sur les indices. Par rapport aux cours actuels, leur potentiel de progression à mi-2022 dépasse 5% et est proche de 10% pour la fin 2022. Si, comme pour les vagues précédentes, la cinquième vague de contamination ou l’arrivée du variant Omicron ne provoquent pas de perturbations fortes ou durables, ce qui est notre hypothèse de base, les craintes pour la croissance devraient s’apaiser et laisser la place à une nouvelle hausse des indices jusqu’à ce que la FED commence à relever ses taux. Dans ce cadre, la prochaine phase de hausse pourrait s’avérer plus volatile. La récente baisse des cours doit être mise à profit pour augmenter le poids des actions des portefeuilles en cours de constitution et des portefeuilles déjà investis qui disposeraient de liquidités trop importantes. Nous relèverons le niveau global d’exposition quand nous aurons un peu plus de visibilité sur le niveau de dangerosité du nouveau variant.

Les principaux indices actions ont prolongé leur hausse entamée en octobre pendant quelques semaines avant de replonger brutalement dans la dernière semaine du mois, d’environ 4 à 5% en moyenne. L’impact du nouveau variant Omicron n’a épargné aucune place boursière mais, sur le mois, elles ont évolué de manière assez différenciée. Ainsi, les indices américain et suisse se sont mieux comportés alors que dans le reste de l’Europe, les restrictions d’activité mises en place pour contrer la cinquième vague de contamination dans de nombreux pays, ont pesé davantage sur les cours avant même la découverte du nouveau variant.

Le retour du froid dans l’hémisphère Nord a provoqué une flambée des contaminations dans les pays européens dont la population est moins vaccinée ou ceux qui ont été moins vigilants (absence de pass sanitaire, réouverture trop rapide ou peu contrôlée des activités sociales). La généralisation de la vaccination et du troisième rappel semblait suffisante pour éviter un engorgement des systèmes de santé et le taux d’hospitalisation ou le taux de mortalité paraissaient stables malgré la hausse des contaminations. Malheureusement, la découverte du variant Omicron en Afrique australe a rebattu les cartes. Pour l’instant, les très nombreuses mutations de ce virus pourraient le rendre potentiellement dangereux et résistant aux vaccins existants. Les laboratoires qui les fabriquent devraient pouvoir apprécier leur degré de protection d’ici une à deux semaines. Le variant Omicron semble se diffuser au moins deux fois plus vite que le variant delta et la probabilité d’être contaminé en étant vacciné parait plus élevée. Cependant, les complications semblent peu sévères et Pfizer comme Moderna semblent capables d’adapter leur vaccin d’ici quelques mois. Mais pour l’instant, l’extension des mesures de restriction aux déplacements et aux activités sociales a déjà entrainé une baisse marquée des compartiments des marchés qui y sont sensibles. Ceci étant, si l’on se réfère aux épisodes précédents, les craintes devraient être passagères car, à chaque nouvelle vague, l’activité économique a été de plus en plus résiliente.

Parallèlement, les chiffres d’inflation continuent à augmenter un peu partout et les difficultés d’approvisionnement se prolongent. Même si des signes d’amélioration commencent à apparaitre, le retour à la normale des conditions de production et du niveau des prix reste délicat à prévoir. Cela avait déjà entrainé des anticipations de hausse des taux d’intérêt de la FED dès le milieu de l’année prochaine. Or, le président Powell vient de reconnaitre que l’inflation ne devrait plus être qualifiée de temporaire et que des discussions pourraient être menées pour décider d’accélérer le rythme de réduction mensuelle des achats d’actifs qui est actuellement de 15 milliards de dollars. L’extinction du programme interviendrait alors au printemps et non avant l’été. Enfin, le dernier rapport de l’emploi américain a fait état d’un taux de chômage en baisse à 4.2% et les marchés craignent que la FED estime que l’objectif du plein-

 

emploi soit atteint rapidement. C’est oublier que le taux de participation d’environ 61 % n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie et qu’il existe encore un gisement de travailleurs disponibles. Quoiqu’il en soit, les anticipations de durcissement monétaire par les marchés ont provoqué également une baisse des taux longs et des attentes pour la croissance en 2022 et 2023. Les prochains mois seront donc déterminants mais le risque de récession parait très faible car la FED devrait maintenir des taux réels (c’est-à-dire minorés de l’inflation) négatifs ou proches de zéro. En revanche, elle pourrait devoir arbitrer entre croissance et inflation avec les risques que cela comporte. L’incertitude devrait entrainer plus de volatilité sur les marchés actions sans interrompre la tendance haussière.

Dans ce contexte, les dernières nouvelles politiques n’ont pas eu d’impact mesurable sur les marchés. Joe Biden a signé le plan de relance des infrastructures de 1000 milliards de dollars. Quant au plan de réformes sociales et environnementales de 1750 milliards de dollars, il a été approuvé par la Chambre des Représentants et le Sénat devrait l’examiner pour le voter avant Noël. Au Japon, le nouveau Premier Ministre a annoncé un nouveau plan de relance équivalent à 10% du PIB pour doper l’activité. Enfin, en Allemagne, un accord de coalition a été trouvé plus rapidement que prévu entre le Parti Social-Démocrate, les Libéraux qui obtiennent le Ministère des Finances et les Verts qui obtiennent le Ministère de l’Economie, de l’Energie et du Climat et les Affaires Etrangères. Le programme de cette coalition n’est pas encore connu en intégralité mais il n’est pas certain que ce nouveau Gouvernement soit réellement plus « pro-européen » ou « francophile ». De nouveaux défis attendent l’Union européenne, que ce soit la poursuite du Brexit, la crise des migrants, les tensions entre l’Ukraine et la Russie, l’évolution du mix énergétique et cela n’améliore pas l’attractivité de nos marchés financiers aux yeux des grands investisseurs internationaux.

Enfin, à l’issue de la période de publications des résultats trimestriels, une majorité d’entreprises se déclare confiante sur leur aptitude à préserver leur capacité bénéficiaire et leurs marges malgré les difficultés d’approvisionnement. Comme au mois précédent, les analystes financiers ont relevé leurs estimations de résultats pour cette année et pour l’année prochaine et les marchés avaient bien réagi à ces nouvelles

Ceci nous a conduit à relever nos prévisions pour l’indice américain S&P500 et pour le CAC40. Par rapport aux cours actuels, déprimés par les incertitudes et les inquiétudes, le potentiel de progression des indices à mi-2022 dépasse 5% et est proche de 10% pour la fin 2022.

 

Si, comme pour les vagues précédentes, la cinquième vague de contamination ou l’arrivée du variant Omicron ne provoquent pas de perturbations fortes ou durables, ce qui est plutôt notre hypothèse, les craintes pour la croissance devraient s’apaiser et laisser la place à une nouvelle hausse des indices jusqu’à ce que la FED commence à relever ses taux. Dans ce cadre, cette prochaine phase de hausse pourrait s’avérer plus volatile.

La baisse des cours actuelle doit être mise à profit pour augmenter le poids des actions des portefeuilles en cours de constitution. Il en est de même pour des portefeuilles déjà investis qui disposeraient de liquidités un peu trop importantes. Nous relèverons le niveau global d’exposition quand nous aurons un peu plus de visibilité sur la dangerosité du nouveau variant.

Même si la baisse des cours commence à offrir des opportunités, nous maintenons nos opinions Neutre à court terme, par prudence et dans l’attente de nouvelles sur l’efficacité des vaccins contre le variant Omicron, Surpondérer à moyen terme sur les actions américaines et européennes et Neutre sur les autres zones géographiques.

Les évolutions des marchés nous ont amené à relever les notes de secteurs à bonne visibilité : les Medias à Surpondérer et les Biens de Consommation non cycliques à Neutre, à court terme, les Services Financiers à Surpondérer et l’Alimentation/Boissons à Neutre à moyen terme.

Nous avons dégradé la note à court terme du secteur Tourisme & Loisirs à Sous-pondérer et celle du secteur Pétrole & Gaz à Neutre.

 

Nous conservons une opinion Sous-pondérer à court et à moyen terme sur les produits obligataires.

 

Lors de notre dernier Comité d’Allocation d’Actifs fin novembre, nous avons légèrement allégé l’exposition action (Etats-Unis et Europe) par prudence au vu de l’incertitude à court terme. L’exposition en produits de taux a été relevée (multi-stratégie obligataire et produits liés à l’inflation).

Vincent GUENZI

Directeur de la Stratégie d’Investissement

Achevé de rédiger le 6 décembre 2021.