La stratégie d'investissement

juin 2021

Les Bourses ont été résilientes au mois de mai mais le risque de correction n’a pas disparu.

Les Bourses mondiales ont enregistré une légère hausse avec de nombreuse divergences. Les actions européennes ont bien progressé, la hausse modeste des actions américaines a été effacée par le recul du dollar, les indices des pays émergent ont été bien orientés en général sauf en Asie. Sur les marchés obligataires, les taux longs ont faiblement baissé aux Etats-Unis et ils sont remontés modérément dans les autres pays développés. Dans l’ensemble, la tendance des produits de taux est restée négative, accentuant leurs replis depuis le début de l’année. Alors que nous avions souligné un risque de correction le mois dernier, les indices actions ont fait preuve de résilience malgré des chiffres d’inflation élevés et dépassant les attentes. Cette réaction montre que les investisseurs accordent beaucoup de crédit aux Banques Centrales américaine et européenne qui ont réaffirmé toutes deux leur conviction que l’inflation serait passagère. En définitive, le contexte général a peu varié pendant le mois, la reprise économique se renforce dans le monde développé et les prévisions pour la croissance mondiale sont relevées. Les indices actions devraient finir l’année plus haut qu’aujourd’hui. Mais la petite baisse intervenue en mai n’a pas été suffisante pour éliminer le risque d’une correction plus marquée. Nous avons légèrement relevé nos prévisions sur les indices à fin décembre mais le potentiel de hausse à cet horizon ne dépasse pas quelques pourcents. C’est insuffisant pour envisager de renforcer l’exposition en actions des portefeuilles sauf pour les plus récents en cours de constitution. Après les allégements déjà réalisés le mois dernier, nous préférons maintenir l’exposition au niveau actuel et garder des disponibilités dans l’attente de meilleures opportunités d’achat. Nous maintenons notre opinion Surpondérer sur les actions, à court et à moyen terme.

Les Bourses mondiales ont enregistré une légère hausse avec de nombreuse divergences. En effet, les actions européennes ont bien progressé, toujours soutenues par les avancées des campagnes de vaccination et la levée graduelle des confinements dans plusieurs grands pays, ce qui continue d’alimenter des révisions haussières de la croissance et des résultats des sociétés. Inversement, la hausse modeste des actions américaines a été effacée par le recul du dollar et le rebond des actions japonaises a été atténué par la baisse du yen. Les indices des pays émergent ont été bien orientés en général sauf en Asie, où le recul des grandes actions chinoises cotées à Hong Kong et des actions taiwanaises a pesé. Sur les marchés obligataires, les taux longs ont baissé faiblement aux Etats-Unis et ils sont remontés modérément dans les autres pays développés, entretenant le reflux du dollar et la vigueur de l’euro. Dans l’ensemble, l’orientation des produits de taux est restée négative, accentuant leurs replis depuis le début de l’année.

 

Alors que nous avions souligné un risque de correction le mois dernier, les indices actions ont fait preuve de résilience. Pourtant, un des faits majeurs du mois a été la publication de chiffres d’inflation en avril en forte hausse dépassant les attentes aux Etats-Unis (+4.2%), en Allemagne (+2.5%) ou en Chine (+6.8% pour les prix à la production). Ces données ajoutées aux informations récurrentes relatives aux difficultés de production et aux pénuries de matière première ou de main d’œuvre dans certains secteurs (bâtiment, automobile, composants électroniques) auraient pu inquiéter les investisseurs. En fait, cela a été le cas pendant trois jours pendant lesquels les grands indices ont reculé de 4% environ entre le plus haut et le plus bas. D’autres indices ou classes d’actifs ont connu des replis plus marqués comme le secteur technologique américain (-6%) ou les crypto-monnaies (-45% pour le Bitcoin). Mais à l’exception de ces dernières, le calme est revenu très rapidement sur les marchés. Le retour des acheteurs a permis aux indices de rester au-dessus des niveaux de support important et de se redresser assez rapidement. Sur la même période, les taux d’intérêt à long terme ont peu réagi, oubliant rapidement les mauvais chiffres d’inflation.

Cette réaction montre que les investisseurs accordent beaucoup de crédit aux Banques Centrales américaine et européenne qui ont réaffirmé toutes deux que l’inflation serait passagère et qu’il était prématuré d’envisager une réduction des achats d’actifs ou un changement de politique monétaire. Pourtant, certains économistes ou, au sein de la FED, certains gouverneurs, pensent le contraire au vu du redressement rapide des économies américaines et européennes.  Il ne peut plus être exclu que l’inflation soit légèrement plus forte plus longtemps que prévu.

Les prochains chiffres d’inflation publiés le 10 juin prochain aux Etats-Unis qui devraient être un peu plus élevés encore, seront scrutés de près.

En définitive, le contexte général a peu varié pendant le mois. La reprise économique ne faiblit pas aux Etats-Unis et se renforce en Europe et dans le Monde développé. Le Japon fait exception pour l’instant du fait des retards pris dans les campagnes de vaccination qui l’obligent à maintenir un état d’urgence sanitaire.

Le pays émergent le plus important, la Chine, reste épargné par la nouvelle vague de pandémie qui touche l’Asie. Sa croissance reste proche de 6% et le risque de surchauffe est contrôlé grâce au durcissement des conditions de crédit. Le rythme de vaccination reste très faible dans les pays émergents à forte population mais leur faible poids dans la croissance mondiale permet aux investisseurs de relativiser leurs difficultés. A part quelques exceptions, les prévisions de croissance continuent à être relevées par les organismes internationaux.

De plus, les mesures de relance ne menacent pas de diminuer rapidement. Joe Biden a dévoilé son projet de budget 2022 et prévoit un niveau élevé de dépenses publiques pendant plusieurs années (6000 milliards de dollar en 2022, du même ordre qu’en 2020 et 2021, années frappées par la pandémie, mais à comparer à 4500 milliards avant la crise). En Europe le plan de relance de UE a été enfin ratifié par tous les Etats et les premiers décaissements pourraient intervenir cet été.

Au niveau microéconomique, les résultats des sociétés européennes et américaines continuent de dépasser les attentes des analystes qui opèrent régulièrement des relèvements de leurs estimations. Après un fort rebond des résultats attendu cette année (+45% en Europe, +35% aux Etats-Unis), la hausse de ceux -ci devrait être proche de 12% en 2022. Ainsi, même si les PER des actions baissaient en réaction à une remontée des taux longs unanimement attendue, la croissance des profits devrait permettre aux principaux indices de progresser encore d’environ 5% d’ici un an, un rythme plus mesuré que celui des douze derniers mois.

Les indices actions devraient finir l’année plus haut qu’aujourd’hui. Mais la petite baisse intervenue en mai n’a pas été suffisante pour faire disparaitre le risque d’une correction plus marquée. Deux scénarios sont possibles :

– soit la consolidation « à plat » du mois de mai a permis aux marchés de reprendre des forces afin d’aller plus haut durant l’été en l’absence de mauvaises nouvelles, repoussant le risque de correction à l’automne,

– soit dans les prochaines semaines, de nouvelles déceptions finissent par provoquer cette correction.

Les principaux catalyseurs à surveiller sont :

–  la publication des chiffres d’inflation US le 10 juin,

–  la réunion de la FED le 16 juin,

– puis, à l’approche de juillet, les avertissements éventuels de sociétés sur leurs résultats du 2ème trimestre si les goulots d’étranglement ou la hausse des matières premières pesaient temporairement sur leur marge.

Nous serons toujours attentifs à l’évolution des taux longs américains dont une remontée plus franche pèserait sur les grandes valeurs les plus chères comme les valeurs à forte croissance, que l’on trouve dans la Technologie, les Biotechnologies ou la transition énergétique.

Nous avons légèrement relevé nos prévisions sur les indices à fin décembre mais le potentiel de progression à cet horizon ne dépasse pas quelques pourcents. C’est insuffisant pour envisager de renforcer l’exposition en actions des portefeuilles sauf pour les plus récents en cours de constitution. A l’inverse une correction apporterait de meilleurs points d’entrée pour augmenter le poids des actions. Après les allégements déjà réalisés le mois dernier, nous préférons maintenir l’exposition au niveau actuel et garder des disponibilités dans l’attente d’opportunités d’achat.

 

Nous conservons notre opinion Surpondérer sur les actions, à court et à moyen terme, et sur les actions américaines et européennes. Notre avis reste Neutre sur les actions japonaises. Au sein des pays émergents, nous conservons une position Neutre à court terme et Surpondérer sur l’Asie à moyen terme.

Nous avons procédé à quelques ajustements dans nos recommandations sectorielles. Nous avons relevé à Surpondérer le secteur Construction & Matériaux à court terme (impact positif de la hausse des prix) et les Médias à moyen terme. Nous avons également relevé à Neutre à court terme la Santé dont le comportement relatif semble se stabiliser. A l’inverse, nous avons abaissé à Neutre, le Tourisme & Loisirs (à court terme), la Chimie et les Services Financiers (à moyen terme). Nous conservons un équilibre entre actions défensives et cycliques et entre style value et croissance.

Nous conservons une opinion Sous-pondérer à court et à moyen terme sur les produits obligataires et sur les liquidités. Nous ne privilégions que les obligations européennes convertibles (à moyen terme seulement) ou à haut rendement.

 

Lors de notre Comité d’Allocation d’Actifs de fin mai, nous avons modestement abaissé le poids des actions de 1%, de manière assez générale. Nous poursuivons la réduction tactique de notre surexposition à court terme. Nous avons relevé principalement le poids du poste Divers (liquidités) et des produits de multi-stratégie obligataires. Nous avons encore réduit légèrement les obligations convertibles européennes.

Vincent GUENZI

Directeur de la Stratégie d’Investissement

Achevé de rédiger le 7 juin 2021.