La stratégie d'investissement

janvier 2020

Après un excellent cru 2019, que nous réservera 2020 ?

L’année 2019 s’est achevée de manière très favorable sur les marchés financiers, après avoir surmonté les derniers obstacles attendus comme nous l’espérions. La dissipation des incertitudes a soutenu les actions, qui ont sensiblement progressé. Que nous réservera 2020 ? Sur le plan économique, le consensus positif se renforce. Sur le plan des marchés, la situation est plus complexe car une partie des bonnes nouvelles est déjà intégrée dans les cours des actions. L’appétit pour les actifs risqués est tenace et cela tient à la faiblesse des rendements des produits défensifs et au manque d’alternatives. Nous ne serions pas étonnés que les indices gagnent quelques pourcents supplémentaires dans les prochaines semaines en l’absence de mauvaise nouvelle. Nous avons encore relevé modestement nos objectifs sur les indices pour juin et décembre 2020. Le potentiel de hausse à court terme est assez limité et doit être optimisé par des achats sur repli, de préférence.

L’année 2019 s’est achevée de manière très favorable sur les marchés financiers, après avoir surmonté les derniers obstacles attendus comme nous l’espérions.

En premier lieu, la FED a indiqué le 11 décembre, qu’elle s’attendait à maintenir ses taux durant l’année 2020. Parallèlement, d’autres Banques Centrales ont assoupli leur politique monétaire (notamment en Russie, en Turquie, en Argentine, au Mexique, au Brésil, en Chine).

Ensuite, au Royaume-Uni, le parti conservateur de Boris Johnson a remporté largement les élections législatives. La sortie du pays de l’Union européenne devrait donc se poursuivre, en concertation avec la Commission. La dissipation du risque de Hard Brexit est positive mais elle va céder la place à de laborieuses négociations commerciales durant toute l’année (au minimum), ce qui pourrait à nouveau impacter les marchés plus tard dans l’année.

De plus, l’apaisement dans le conflit commercial Etats-Unis/Chine a été confirmé avec l’abandon de la forte hausse des droits de douane américains prévue le 15 décembre. En effet, la poursuite des discussions entre les deux parties a permis de trouver un premier accord a minima (dont tous les détails ne sont pas connus et qui serait signé le 15 janvier à New-York) assorti d’un engagement mutuel de baisse des taxes existantes. Cette 1ère étape sera suivie d’autres négociations sur les sujets plus sensibles: respect de la propriété industrielle, transferts de technologie, ouverture du marché chinois, etc…

Enfin, la procédure de destitution de Donald Trump, qui a été validée par la Chambre des Représentants le 18 décembre, n’a pas inquiété outre mesure les investisseurs puisque celle-ci n’a aucune chance d’être approuvée par les 2/3 du Sénat à majorité républicaine. Le véritable risque de ce procès en destitution serait plutôt l’affaiblissement de la popularité du Président dans l’opinion alors qu’il aborde sa campagne en vue de sa réélection ou encore l’émergence d’un candidat démocrate plus radical favorisée par une mauvaise image du parti républicain. Ceci animera certainement les marchés à partir du printemps.

La dissipation des incertitudes a soutenu les actions, qui ont progressé d’environ 2% et plus dans les pays émergents, alors que les taux d’intérêt remontaient légèrement, occasionnant un repli des Emprunts d’Etat. Pourtant, sur le front de l’économie mondiale, les chiffres publiés ont été assez mitigés, la déception provenant toujours de la faiblesse de l’activité industrielle alors que la consommation se maintient à un niveau satisfaisant dans les pays développés. Cette absence d’accélération du momentum économique n’a pas permis d’enrayer les révisions à la baisse des prévisions de bénéfices des sociétés pour 2019 et 2020. En revanche, de manière séquentielle, les résultats trimestriels du 4ème trimestre puis du 1er trimestre pourraient s’avérer un peu meilleurs que prévu car la base de comparaison sur un an sera plus facile. Comme pendant l’année 2019, la hausse des indices en décembre s’est faite par une revalorisation des actions (hausse des PER, baisse de la prime de risque) plus que par une croissance des bénéfices. Les indices actions affichent en définitive une performance très positive de 20 à 30% sur l’année alors que les produits obligataires se contentent d’une hausse de 5 à 15%.

Que nous réservera 2020 ?

Sur le plan économique, le consensus que nous avions évoqué le mois dernier se renforce.

L’environnement resterait favorable, avec une croissance économique globale stabilisée et peut- être un léger rebond dans les zones affaiblies (Europe, pays émergents grâce à de nouvelles mesures de soutien), une inflation faible, des Banques Centrales toujours accommodantes et des liquidités importantes, des taux d’intérêts à long terme bas (même si nous n’excluons pas une légère remontée de ceux-ci). Pour être plus précis, ces perspectives sont vraiment consensuelles pour le premier semestre puisque certains spécialistes continuent d’évoquer une mini récession américaine, cette fois au 2nd semestre. Les élections présidentielles peuvent aussi engendrer des déceptions sur les marchés quand ils connaitront le candidat démocrate, si son projet était jugé néfaste ou si Donald Trump était battu.

Ce scénario général positif serait naturellement remis en cause par de nouvelles tensions entre les Etats-Unis et la Chine ou une franche aggravation des affrontements récents avec l’Iran mais ces hypothèses sont jugées peu probables.

Sur le plan des marchés, la situation est plus complexe car une partie des bonnes nouvelles est déjà intégrée dans les cours des actions. Les estimations de bénéfices ou les valorisations atteintes laissent peu de place à des déceptions. Néanmoins, les marchés sont confiants et l’optimisme n’est pas exubérant. Le comportement récent des Bourses montre une résilience étonnante. L’appétit pour les actifs risqués est tenace et cela tient à la faiblesse des rendements des produits défensifs et au manque d’alternatives. Nous ne serions pas étonnés qu’en l’absence de mauvaise nouvelle, les indices gagnent encore quelques pourcents dans les prochaines semaines.

Nous avons encore relevé modestement nos objectifs sur les indices pour juin et décembre 2020. Ils nous semblent encore conservateurs. Le potentiel de hausse à 6 et 12 mois est donc assez limité et doit être optimisé par des achats sur repli, de préférence. Nous n’excluons pas de les relever à nouveau en fonction des évolutions de l’environnement.

Si le momentum économique s’améliore avec à la clé un relèvement des estimations de résultats, les indices pourraient facilement progresser de 5% à 10% dans l’année avant de réduire leurs gains au cours du 2nd semestre. En effet, nous ne savons pas si les Bourses pourraient maintenir longtemps cette avancée au-delà des prochains mois compte tenu des valorisations atteintes et des élections américaines.

 

Nous maintenons nos recommandations globales sur les actionsNeutre à court terme et Surpondérer à moyen terme. Nous conservons nos préférences à moyen terme pour les Etats-Unis et l’Europe auxquels nous ajoutons l’Asie hors Japon. Nous constatons que les actions américaines commencent à être un peu moins recommandées au profit des actions européennes sans amélioration des performances relatives de ces dernières pour l’instant. Cette option nous semble donc prématurée.

Nous avons procédé à plusieurs ajustements de recommandations sectorielles (voir page 14).

 

Nous conservons notre opinion Neutre à court terme et Sous-pondérer à moyen terme sur les produits obligataires. En Europenous avons relevé à Neutre les notes des Obligations privées, et à Surpondérer celles des High Yield. Nous avons aussi relevé la note des Obligations US High Yield à Neutre. Parmi les produits de taux, nous préférons les obligations émergentes et le crédit européen à haut rendement.

 

Lors du dernier Comité d’Allocation d’Actifs de mi-décembre, nous avons relevé, dans notre allocation équilibrée, le poids des actions européennes et américaines et celui des obligations indexées. En contrepartie, nous avons allégé le poids de l’or et des liquidités. Le poids total des actions atteint 48.5%.

Vincent GUENZI

Directeur de la Stratégie d’Investissement

Achevé de rédiger le 8 janvier 2020.