La chronique boursière

20/03/2023

La confiance en berne…

Les faillites bancaires aux Etats-Unis et l’annonce du rachat du Crédit Suisse par UBS ce week-end alimentent les craintes d’une instabilité du système bancaire mondial malgré une action coordonnée des Banques centrales sur l’accès aux liquidités. Certes, les fragilités du système bancaire américain ont été révélées au grand jour et de nombreuses banques régionales sont encore en quête de soutien. Mais la situation outre-Atlantique ne justifie pas à elle seule les turbulences rencontrées en Europe. En effet, le Crédit Suisse, sous perfusion pour éviter une fuite des déposants, est en difficulté financière depuis plusieurs années et paye au prix fort les dérives du passé. Par ailleurs, la réponse apportée par les autorités suisses pour son sauvetage interroge puisqu’elle prévoie l’annulation de 16 milliards de francs suisses d’obligations AT1 (Additionnal Tier 1). Cette dette subordonnée financière vient en complément des fonds propres usuels (actions et réserves) dans le capital réglementaire et le calcul des ratios de solvabilité. Or ce sont ses détenteurs qui vont supporter le gros des pertes alors que les actionnaires de la banque subiront une dépréciation de la valeur de leurs titres pour un montant estimé à un peu plus de 4 milliards de francs suisses. Dès lors, quelle valeur appliquer à cette catégorie de dettes non senior dans le bilan des banques surtout en période de stress financier ?

De son côté, Christine Lagarde a rappelé le rôle de la BCE de garant de la stabilité financière et déclaré que « les banques européennes sont solides » et que les instruments pour les soutenir si besoin existent déjà et qu’ils peuvent être réactivés à tout moment. Dans ce contexte de dégradation de la confiance et de crise bancaire qui augmente le risque d’une récession, les principaux indices européens affichent des replis hebdomadaires de 4% environ avec le secteur des financières qui accuse un recul de plus de 10%. A l’inverse, le S&P progresse de 1,4% sur la semaine et le Nasdaq de 4% en raison de la chute des rendements obligataires. Les investisseurs semblent parier sur une trajectoire moins agressive de hausse des taux de la part de la Réserve fédérale américaine. A noter enfin que les cours du pétrole poursuivent leur baisse avec un brent qui cote 73 dollars le baril en lien avec les craintes d’un ralentissement économique qui se précise et que l’or se rapproche du seuil des 2 000 dollars l’once.

Dans toute cette agitation, nous surveillerons principalement cette semaine la décision de politique monétaire de la Réserve fédérale et de la Banque d’Angleterre…

Michel Douin
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