La stratégie d'investissement

avril 2018

Un nouveau recul des indices donnerait l’occasion de renforcer les actions.

Le mois de mars s’est achevé par une baisse sensible des actions et une reprise des produits de taux. La tendance à court terme des indices actions nous semble fragilisée ce qui augmente la probabilité d’un recul supplémentaire de faible ampleur. Aujourd’hui, les marchés financiers s’inquiètent moins du risque de remontée des taux que de l’évolution de la croissance mondiale. L’environnement reste favorable mais certains investisseurs commencent à perdre confiance. Nul ne sait quand la surenchère protectionniste s’arrêtera même si personne ne croit vraiment à la mise en place durable de telles barrières douanières. La correction actuelle n’est peut-être pas terminée et la prudence s’impose encore à court terme. Mais nous restons confiants sur les perspectives des marchés actions en 2018 car les fondamentaux restent positifs. Un repli supplémentaire permettrait d’acheter à nouveau des actions dans de bonnes conditions.

Le mois de mars s’est achevé par une baisse sensible des indices actions, après plusieurs semaines de forte volatilité. Le rebond technique engagé en février s’est terminé à la mi-mars et les marchés ont alors reculé sous l’impact de l’augmentation des tensions protectionnistes mais aussi de petites déceptions sur le rythme de la croissance. De plus, les dysfonctionnements qui ont affecté Facebook ou Tesla et les risques de régulation accrue ou de fiscalité plus forte pour Amazon ont pesé sur l’ensemble du secteur technologique. De nombreux marchés ont testé leurs points bas de février ou les ont dépassés. Parallèlement, les produits de taux ont enregistré une petite reprise.

Depuis le point haut, la correction des actions a dépassé parfois 10%. La tendance à court terme nous semble fragilisée ce qui augmente la probabilité d’un recul supplémentaire qui serait de faible ampleur.

Aujourd’hui, les investisseurs s’inquiètent moins du risque de remontée des taux que de l’évolution de la croissance mondiale.

Les statistiques économiques publiées au cours du mois ont été un peu plus faibles. Elles confirment que le rythme de la croissance s’infléchira modérément au 1er trimestre en gardant néanmoins un niveau assez soutenu. Mais cela n’a pas affecté les anticipations des économistes et les prévisions de croissance annuelle pour les Etats-Unis et la Zone Euro ont été encore légèrement relevées. Il en est de même pour la croissance mondiale qui devrait atteindre 3.8% cette année. Dans les pays émergents, les perspectives de croissance sont restées stables, autour de 5%. Par ailleurs, les craintes de remontée soudaine de l’inflation commencent à s’estomper. L’environnement reste donc favorable.

Mais, avec l’incertitude qui règne, certains investisseurs commencent à perdre confiance. Le renouvellement de la garde rapprochée du Président américain par des personnalités intransigeantes fait craindre également de nouvelles tensions avec l’Iran ou la Corée du Nord, malgré la rencontre prévue avec le leader de cette dernière.

L’engrenage du protectionnisme pourrait affaiblir l’activité. Si la hausse des droits de douane annoncée par les Etats-Unis et la Chine était effectivement instaurée, elle n’aurait qu’un impact très limité sur l’activité. Mais la surenchère qui a commencé fait peur même si tout le monde reconnait que c’est une tactique afin de mieux négocier des concessions réciproques. Personne ne peut prédire quand elle s’arrêtera d’autant que Donald Trump ne peut pas perdre la face devant ses électeurs à un semestre des élections de mi-mandat.

 

Les fluctuations désordonnées des marchés actions, s’amplifient, à la baisse, au moindre « tweet » vengeur de Donald Trump ou, à la hausse, au moindre signe de bonne volonté des parties concernées par les mesures protectionnistes.

Ces rebonds signifient probablement que les actions commencent à redevenir attractives. Les excès de valorisation se sont encore résorbés sur la Bourse américaine grâce à la baisse des cours. Les PER des actions se rapprochent de leurs moyennes historiques en Europe et aux Etats-Unis. Avec la baisse des taux longs et l’amélioration des perspectives bénéficiaires, le repli des cours a fait remonter la prime de risque, ce qui rend les actions plus intéressantes que les obligations. Tous ces éléments constituent un soutien pour les actions et une force de rappel en cas de baisse.

Cependant, nous ne pouvons toujours pas affirmer que la correction actuelle est terminée. La prudence s’impose encore à court terme mais nous restons confiants sur les perspectives des marchés actions en 2018. En effet, les fondamentaux restent positifs : croissance économique soutenue, hausse des bénéfices des entreprises, remontée de l’inflation contenue, valorisation des actions redevenue modérée.

Mais ils ne sont pas suffisants tant que le niveau de confiance des investisseurs n’est pas plus élevé. La forte volatilité des marchés boursiers devrait se maintenir. Des replis supplémentaires permettraient d’acheter à nouveau des actions dans de bonnes conditions.

Seuls les risques politiques et protectionnistes nous empêchent de remonter notre notation sur les actions. Nous avons conservé une recommandation Neutre à court terme et une opinion Surpondérer à moyen terme en privilégiant les actions européennes.

Nous avons abaissé nos prévisions pour les indices européens à fin juin de 2% et conservé les objectifs de fin d’année. Pour les actions américaines, la correction que nous attendions au cours du 1er semestre est en train de se dérouler et les indices pourraient se redresser plus tôt. Nous relevons donc la prévision à fin juin et abaissons légèrement celle à fin décembre. Sur l’année 2018, le potentiel d’appréciation des grands indices reste d’environ 10%.

Nos principales recommandations sectorielles restent inchangées. Nous avons réduit notre opinion à court terme à Neutre sur les Produits de Base et le Tourisme & Loisirs. Nous avons relevé notre opinion à moyen terme sur les Services Publics à Neutre et sur les Produits de Base à Surpondérer.

Nous maintenons un scénario de remontée très graduelle des taux longs aux Etats-Unis, en direction de 3.1% d’ici 6 mois à 9 mois, entraînant de manière plus modeste les taux allemands.

Nous avons relevé notre opinion à court terme sur les produits obligataires à Neutre du fait du relèvement opéré sur les Obligations souveraines périphériquesNous gardons notre opinion Sous pondérer à moyen terme sur les produits obligataires, dont la plupart restent en tendance baissière. Nous maintenons une position Neutre sur l’euro/dollar à court terme et Surpondérer à moyen terme.

Notre allocation d’actifs détaillée se trouve en page 14.

Dans notre allocation équilibrée, nous avons profité du repli des cours pour renforcer marginalement le poids des actions, en le portant de 50.5% à 50.8%, essentiellement au profit des actions américaines. Dans la partie défensive, nous avons renforcé le poste de multi stratégie obligataire, associant dettes privées et souveraines et capables de profiter de la hausse comme de la baisse des taux longs. Nous avons allégé le poste obligations indexées/inflation et renforcé celui des obligations convertibles européennes.

Achevé de rédiger le 9 avril 2018.

Vincent GUENZI

Directeur de la Stratégie d’Investissement